Face aux acteurs du spatial réunis à la Cité de l’Espace le 6 novembre 2023, le Club Galaxie a récompensé cinq jeunes entreprises et projets innovants. L’entreprise Murmuration a été particulièrement mise à l’honneur en recevant le Prix Galaxie. La startup utilise les données spatiales pour surveiller la pression touristique. Comme l’a expliqué Cathy Sahuc, cofondatrice de Murmuration, « grâce aux données d’observation de la Terre par satellite et à l’intelligence artificielle, nous proposons des tableaux de bord composés d’une vingtaine d’indicateurs environnementaux qui mesurent des paramètres sur cinq thématiques principales : l’air, l’eau, la biodiversité, les sols et le climat. Ces indicateurs délivrent des informations sur la pression touristique et l’état de l’environnement en tous points du globe. »
Murmuration prépare pour 2024 une levée de fonds de 500 000 euros avec l’objectif d’étendre son activité à d’autres secteurs, notamment l’urbanisme, au prisme du même objectif : placer l’environnement au cœur des décisions des pouvoirs publics et des entreprises.
Murmuration a par ailleurs créée un site internet dédié au grand public, flockeo.com, qui délivre, sur 220 destinations, des informations sur la qualité de l’air, la politique forestière, les revenus touristiques ou encore le niveau d’éducation des habitants. De quoi prendre des décisions éclairées lorsque l’on veut voyager de façon éthique et durable ! [ Lire le palmarès complet à la fin de l’article ]
Le spatial vu du côté de la Commission européenne
L’économie spatiale vit une époque paradoxale marquée par une vigueur inédite de l’innovation mais aussi par une géopolitique de l’espace en profonde recomposition. La concurrence est vive, y compris au sein de l’Union européenne et exacerbe les questions liées à la souveraineté, à un moment où l’Europe, victime des reports successifs d’Ariane-6 et de son retard pris face à SpaceX, est privée d’un accès direct à l’espace. C’est ainsi SpaceX qui lancera en 2024 les quatre prochains satellites de Galileo, la constellation européenne de géolocalisation. C’est dans ce contexte, qu’est intervenu Guillaume de La Brosse à La Cité de l’Espace. Head of Unit Innovation and NewSpace / Space Defence au sein de la direction générale en charge du spatial et de la défense de la Commission européenne, il a précisé les priorités du commissaire européen pour le marché intérieur, Thierry Breton.
« Première priorité : assurer la souveraineté technologique de l’UE et compléter l’architecture spatiale européenne – composée de Galileo et de Copernicus – avec la préparation d’une troisième constellation. Baptisée Iris2 (Infrastructure de Résilience et d’Interconnexion Sécurisée par Satellites), cette constellation devra fournir aux États membres un accès garanti à des services de connectivité sécurisés. Le moment est historique car Iris2 doit assurer une souveraineté européenne très forte. Nous espérons être en mesure de signer le contrat avec le consortium [composé d’Airbus Defense and Space, Eutelsat, Hispasat, SES et Thales Alenia Space, NDLR] au cours du premier trimestre 2024.
La deuxième grande priorité de la Commission européenne est de résoudre la problématique des lanceurs de l’accès au spatial. « Traditionnellement, c’est une prérogative de l’Esa mais la Commission européenne a la responsabilité légale et politique d’assurer la continuité de nos services Copernicus ou Galileo qui compte deux milliards d’utilisateurs. La question est donc : comment penser le lanceur de demain ? Comment faire émerger de nouveaux acteurs ? » Guillaume de La Brosse a aussi évoqué les autres priorités de la Commission : les synergies entre le spatial et la défense et l’émergence des acteurs du newspace. « L’objectif est de mettre en place tout un environnement européen propice à l’émergence et au développement rapide d’acteurs du newspace. Il faut notamment pouvoir aider les acteurs à renforcer leur attractivité, à avoir accès au capital risque et à la commande publique . » Saluant l’efficacité de l’écosystème spatial à Toulouse, Guillaume de La Brosse s’est enfin exprimé sur la mise en œuvre de la future loi spatiale européenne et la création d’un marché unique du spatial. « Les acteurs du newspace se développent partout en Europe. Si on ne fait rien et si on ne codifie pas certaines pratiques en matière de de safety, sustainability ou cybersecurity, ce sera une jungle administrative et réglementaire qui ne sera pas du tout propice à la compétitivité de notre industrie spatiale européenne. »
Le palmarès complet du Prix Galaxie 2023
- Prix Galaxie : Murmuration
En utilisant des données d’observation de la Terre par satellite à l’échelle mondiale et l’intelligence artificielle, l’entreprise cofondée par Cathy Sahuc et Tarek Habib, fournit des informations claires, fiables et précises sur la pression touristique et l’état de l’environnement en tout point du globe.
- Prix Graine d’Etoile : Hemera
Le projet, porté par Geoffroy de Dinechin et Axel Duran, veut transformer l’accès à l’espace en ne changeant pas de combustible mais de comburant en renonçant à l’oxygène liquide au profit du peroxyde d’hydrogène.
- Prix Coup de Cœur du Jury : Space Elevator
L’association fondée par Pierre Bertrand dont l’objectif est de contribuer à la diversité sociale et à la parité dans la tech et l’industrie.
- Prix Étoile : Anyfields
Représentée par Stéphane Gemble, la startup propose des systèmes innovants de visualisation, de mesure et de diagnostics des champs électromagnétiques émis par les antennes.
- Prix Mention IA : Aiko Space
L’entreprise représentée par Aurélie Baker, développe des logiciels basés sur l’intelligence artificielle permettant l’autonomisation des missions spatiales.
En images
Le mémo des coulisses
- L’équipe organisatrice : le Club Galaxie, Catherine Lambert, Patrick Cazeneuve, Martial Ollé, Thierry Pajaud
- Le lieu : La Cité de l’Espace à Toulouse
- Réalisation : La Cité de l’Espace et Sylvie Lagarrigue
- L’animation en direct : Emmanuelle Durand-Rodriguez – Telmi Studio
- Crédits photos : ©CNES/Frédéric Maligne