Les oubliées de la science et l’effet Matilda

La journaliste scientifique et dessinatrice, Camille Van Belle était l’invitée de la soirée « Les femmes scientifiques sortent de l’ombre » le 7 mars 2024 au Quai des Savoirs à Toulouse avec le Club de la Presse Occitanie. Autrice de la BD « Les oubliés de la science », elle consacre son travail à redécouvrir des hommes et surtout des femmes rayées de la carte des sciences.

• Journalisme• Médias• Sciences

Camille Van Belle est journaliste scientifique. D’abord biologiste, elle devenue journaliste scientifique après une formation à l’ESJ Lille. Elle entre au magazine Science et vie Junior pour un stage puis prend, en 2018, la responsabilité d’une chronique mensuelle, « Trou de mémoire ». Dans un format BD, elle mêle explication scientifique, recherche historique et dessins humoristiques et réalise chaque mois le portrait d’un personne femme ou homme, oubliée de la science. C’est après avoir réalisé 48 portraits qu’est née l’idée du livre publié aux éditions Alisio Sciences.

Misogynie et effet Matilda

Comme elle l’a expliqué le 7 mars 2024 au Café Euclide du Quai des Savoirs, Camille Van Belle, retrace des découvertes scientifiques comme la structure en double hélice de l’ADN (par Rosalind Franklin), la fission nucléaire (par Lise Meitner), la découverte de la matière noire (par Véra Rubin), la découverte des pulsars (par Jocelyn Bell) ou encore la programmation du premier ordinateur électronique (par Betty Holberton). Et elle précise les raisons de leur oubli par l’histoire : « De façon quasi systématique, explique Camille Van Belle, ces femmes ont été victimes de l’effet Matilda qui décrit la minimisation de la contribution des femmes scientifiques à la recherche. Leur travail est souvent attribué à leurs collègues masculins. La biologiste Rosalind Franklin est ainsi trahie par deux de ses collègues de laboratoire qui reçoivent le Prix Nobel en 1953; l’astrophysicienne Jocelyn Bell découvre le pulsar, une étoile à neutrons très dense qui tourne sur elle-même en crachant des ondes radio mais elle s’est pris de plein fouet la misogynie de son mari et du monde scientifique… Quand elle a reçu son diplôme son mari n’a pas voulu qu’elle se rende à la cérémonie et plus tard, en 1974, c’est son directeur de thèse qui a reçu le Prix Nobel. »

Les femmes scientifiques sortent de l’ombre

La rencontre s’est déroulée dans le cadre du partenariat “Les femmes scientifiques sortent de l’ombre” qui réuni chaque année autour du 8 mars le Quai des savoirs, le Club de la presse Occitanie, le CNRS Occitanie Ouest ainsi que les associations Femmes & Sciences et Maths en scène. Au cours de la soirée, Mathilde Lise, nouvelle responsable de la commission Femmes & Médias Club de la presse Occitanie a évoqué les initiatives portées par le club en faveur de l’égalité femmes – hommes et de la visibilité des femmes dans les médias. Une nouvelle édition de l’Annuaire des Expertes est notamment en préparation.

L’exposition sur l’effet Matilda

À découvrir : l’exposition réalisée par le Quai des Savoirs, l’association Femmes & Sciences et la délégation du CNRS Occitanie Ouest avec les biographies et les portraits géants de Katherin Johnson, Rachel Carson, Rosalind Franklin, Jocelyn Bell, Nettie Marie Stevens, Amalie Emmy Noether, Chien-Shiung Wu ou encore Marie Tharp. Une exposition qui elle aussi rend justice à leurs apports scientifiques majeurs. Dans le grand hall du Quai des Savoirs à Toulouse ainsi qu’alternativement dans les communes de Toulouse Métropole.