Le newspace, l’Esa et le Club Galaxie

À l’issue d’une année spatiale marquée par les images du télescope spatial James-Webb et par les perspectives de la mission Artemis vers la Lune, le Club Galaxie met le focus sur le newspace. À la Cité de l’Espace à Toulouse, le club d’entreprises a donné la parole à Géraldine Naja qui a expliqué le positionnement stratégique de l’agence spatiale européenne (Esa) et ses ambitions pour le newspace. Le club qui soutient une économie spatiale en forte croissance a également remis le Prix Galaxie à la startup Pangea.

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Invitée du Club Galaxie le 7 novembre 2022 à Toulouse, Géraldine Naja, directrice commercialisation, industries et contrats de l’Esa a présenté la nouvelle stratégie de l’agence.

« Nous vivons actuellement une révolution dans l’histoire du secteur spatial et cette révolution est marquée par un abaissement de la barrière d’accès à l’espace, par la multiplication de services et d’applications commerciales et par une économie spatiale en pleine transformation.

Géraldine Naja

Transformation ou révolution ? 

« Les coûts de lancement des satellites sont en baisse constante; les lancements d’ici 10 ans seront d’ailleurs encore trois fois moins chers, a développé Géraldine Naja. Le secteur est transformé aussi par une plus grande capacité d’emport, par le développement de systèmes de propulsion verte ou électrique et par le souci d’un secteur spatial plus durable et attentif à l’environnement y compris l’environnement de l’espace avec la question de la désorbitation. Nous entrons dans une nouvelle ère du spatial aussi parce que les utilisateurs finaux sont à la recherche de données et de nouveaux services permettant une diversification des applications commerciales ».

Géraldine Naja – ©Emmanuel Grimault

Autre changement en cours dans le secteur spatial : le financement et les investissements. La part relative des investissements privés est en forte accélération, comme l’a précisé Géraldine Naja : « L’investissement public global en 2021 s’élève à 78,2 milliards d’euros (+ 4% par rapport à 2020) tandis que l’investissement global privé s’établit à 12,2 milliards d’euros, en hausse de 95 % depuis 2020 (+ 72% aux USA, + 33% en Europe) ! »

Le secteur spatial était traditionnellement essentiellement soutenu par le public, l’évolution est donc marquante et ouvre de grandes perspectives économiques. « L’Europe ne peut pas rester à l’écart d’une évolution qui sera source d’innovation et de dynamisme, de financements additionnels et de renforcement de son industrie », a insisté Géraldine Naja.

‘Customer focus’ et tolérance aux risques

Ce contexte global détermine une nouvelle façon d’aborder et de conduire l’activité spatiale qui impacte l’Esa. L’agence européenne est en train de transformer son approche en s’inspirant des mots d’ordre du NewSpace : réduction du time to market, priorité aux besoins du marché, investissement privé, vitesse d’exécution, et tolérance aux risques.

Face à l’écosytème du spatial réuni à Toulouse, Géraldine Naja voulu s’adresser aux startups qui cherchent du financement : « Venez nous voir. Nous sommes là pour vous mettre en relation avec les investisseurs, pour faciliter le financement, éventuellement pour rassurer les investisseurs avec un ‘label Esa’ et faire évoluer nos appels d’offre pour permettre aux startups et aux PME d’être à armes égales. Enfin il faut développer l’investissement européen, c’est une question de souveraineté. »

Le Prix Galaxie

Dans la continuité de l’intervention de Géraldine Naja, le Club Galaxie qui soutient l’innovation dans le spatial a remis le Prix Galaxie. Il a été décerné à Pangea Aerospace. L’entreprise dirigée en France par Marie-Laure Gouzy, se positionne sur le secteur des microlanceurs, destiné à proposer des prix plus compétitifs et à s’adapter à la miniaturisation des satellites. L’entreprise basée à Barcelone mais qui a choisi Toulouse pour développer sa R&D travaille à la création d’un moteur-fusée Aerospike, plus léger, plus rapide à fabriquer, utilisant la fabrication additive (parfois on utilise l’expression ‘impression 3D’) et réutilisable. Le prix a été décerné par les fondateurs d’une startup elle-même primée en 2014 : InnovAtm.

Les lauréat-es du Prix Galaxie 2022 – ©Emmanuel Grimault

Trois autres projets et entreprises ont été primés : Heliosphere (permettre l’alimentation à distance des systèmes électriques autonomes, en particulier sur le lune – Prix Graine d’Étoile) ;  Cognitive Design Systems (pour réduire le cycle de développement d’un produit via la génération autonome de design par l’intelligence artificielle – Prix Étoile) ; TIDAV (pour le développement d’un drone innovant utilisable par vent fort – Coup de cœur du jury).

Pour le vertige, la poésie et la science

Vous pouvez retrouver ici les images du télescope spatial James-Webb

Les crédits de l’image « Pillars of creation » :

SCIENCE: NASA, ESA, CSA, STScI, Hubble Heritage Project (STScI, AURA)
IMAGE PROCESSING: Joseph DePasquale (STScI), Anton M. Koekemoer (STScI), Alyssa Pagan (STScI)