Création du Pôle universitaire d’innovation de Toulouse : un projet France 2030 pour la recherche et les entreprises

UT Innovation, le Pôle universitaire d’innovation de Toulouse, lauréat du plan national France 2030 a été lancé officiellement le 21 octobre. Objectifs : accélérer le transfert de la recherche vers l’innovation et renforcer significativement l’impact des découvertes scientifiques et technologiques pour l’économie et la société.

Plus de 200 représentant-es d’entreprises, startups, laboratoires de recherche ont participé aux premières Rencontres PUI. Le lancement de ce programme visant à favoriser les synergies autour de la connaissance se tenait à la Chambre de commerce et d’industrie de Toulouse Haute-Garonne, tout un symbole. « Choisir la maison des entreprises pour lancer ce programme de recherche partenariale est un plaisir » a confié Patrick Piedrafita, président de l’établissement. «  Nous sommes fiers de soutenir cette initiative qui contribue à faire de notre territoire un acteur majeur de l’innovation en France. »

Le chaînon manquant

« UT Innovation est le chaînon manquant entre le monde économique et celui de la recherche publique » a résumé Thierry Bosch, vice-président de l’Université de Toulouse chargé de la Valorisation et des Relations Entreprises. Michaël Toplis, le président de l’Université de Toulouse a précisé : « Ce n’est pas une structure supplémentaire mais un pôle inédit qui poursuit des objectifs ambitieux : intensifier la recherche partenariale par une meilleure coordination des ingénieurs d’affaires, accompagner un plus grand nombre de plateformes technologiques et d’expertises vers le monde socio-économique et stimuler la création de startups deeptech ou à fort impact socio-environnemental.»

Michaël Toplis a rappelé les fondamentaux du site universitaire toulousain : 15 établissements d’enseignement supérieur, 7 organismes nationaux de recherche, 145 structures de recherche, 4000 doctorant-es, 145 laboratoires et plus de 7000 chercheurs. Il a également souligné le rôle déterminant des membres fondateurs de l’UT Innovation que sont  Nubbo et  Toulouse Tech Transfer qui co-dirigent UT Starter, un programme de pré-incubation deeptech. L’Université est un lieu de savoirs et une de ses missions est d’engager ces savoirs au bénéfice de la société. C’est important de le noter car l’Université de Toulouse, à travers le projet Tiris (Toulouse Initiative for Research’s Impact on Society), mobilise les excellences scientifiques pour accompagner les transitions. et ainsi contribuer à la construction du monde de demain.. au moment où le savoir perd un peu de sa valeur dans la société. » On peut noter les trois piliers thématiques de Tiris : Santé-bien-être, Changement et impact sociétaux, Transitions durables (transport, énergies, etc.)

Continuer à se passer de la moitié de l’humanité ?

Détaillant l’objectif du PUI d’intensifier la création de startups issues de la recherche publique, Thierry Bosch a porté un discours volontariste sur le rôle des femmes startuppeuses. Il a indiqué : « Le PUI se montrera particulièrement attentif à l’impact de ses actions sur les transitions environnementales et sociétales. Comme le soulignait le directeur du Conseil Européen de l’Innovation (EIC), Jean-David Malo, nous avons décidé de nous passer de la moitié de l’humanité, aussi étrange que cela puisse paraître. Seulement 1% des femmes sont CEO de startups. Cela donne matière à réflexion et surtout à actions.»

« Personne n’est en capacité de réussir seul»

Aux côtés de BPI France et de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), la Région Occitanie a participé au montage et au financement du programme doté de 7,5 millions d’euros. Nadia Pellefigue, vice-présidente en charge de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de l’Europe et des Relations Internationales a souligné que « l’Occitanie la première région française par l’intensité du PIB consacré à la R&D (3,7%) et la seule région française dans le top 20 européen. » Elle est aussi l’une des premières régions françaises en matière de dépôts de brevets (près de 972 en 2023).  Nadia Pellefigue, a aussi souligné qu’aujourd’hui « personne n’est en capacité de réussir seul, ni les universités, ni les régions, ni les entreprises, ni l’État. C’est pour cela que nous sommes extrêmement actifs dans la volonté de consolider ce collectif, qui est notre force ». Pierre-André Durand, préfet de la région Occitanie a rappelé qu’UT Innovation est l’un des 29 Pôles Universitaires d’Innovation de France financé par le plan France 2030 déployé sur 5 ans et qui vise à développer la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir.

Stéphanie Limouzin, une cheffe d’entreprise à la présidence du COS

UT innovation s’appuie sur un comité d’orientation stratégique (COS) composé d’une cinquantaine d’acteurs socio-économiques. Il a choisi pour présidente Stéphanie Limouzin, CEO de CLS Group, entreprise régionale à la pointe de l’innovation technologique et société à mission. « Je suis particulièrement sensible aux défis qui sont devant nous, a-t-elle confié. L’entreprise que je dirige s’appuie sur l’innovation technologique, au service de la planète et pour sa protection. On ne peut pas agir seul sur un tel domaine, il est clair qu’on a besoin de s’associer et de faire le lien entre la recherche, le monde économique et les décideurs politiques. Le PUI sera un grand facilitateur pour notre région. »

Les partenariats des entreprises avec la recherche publique, comme levier de performance et de compétitivité – verbatims

  • Christophe Belloc, président de Blue Whale, chef de fil du projet de recherche «(Ré)Génération Fruit» avec l’objectif de réussi la transition agroécologique de la filière pomme. : « Le management de projet fait partie du projet. Le PUI permet de produire des innovations sur toute la chaine »
  • Alexandre Arnoult, directeur du LabCom Epicentre entre le LAAS-CNRS  et RIber, équipementier français experte de l’épitaxie qui intervient au début de la production des semi-conducteurs composés. : « le laboratoire commun renforce la stratégie de création de valeur au service des usagers, chercheurs et industriels des semi-conducteurs. Il est la garantie d’une relation durable entre l’entreprise et la recherche »
  • Jean-Marc Pierson, directeur du laboratoire IRIT, deuxième plus gros laboratoire de France : « le PUI est un outil qui contribue à résoudre l’équation entre temps long de la recherche et demande de résultats rapides de l’entreprise. Nous sommes très sollicités par les entreprises, il nous faut nous appuyer sur des ingénieurs d’affaires qui vont aider à choisir les contrats et à les suivre sur la durée.»
  • Thierry Bosch, vice- président de l’Université de Toulouse chargé de la Valorisation et des Relations Entreprises : « Pour créer des opportunités entre recherche et entreprises, il ne faut plus compter sur le hasard des rencontres mais créer des points de contacts, aider à l’expression du besoin des entreprises et mettre en place avec elles des relations de long terme. »

L’accompagnement pour intensifier la création de startups – verbatims

  • Nina Gazal, porteuse du projet Mycelium Concept, destiné à devenir une startup 2025 pour commercialiser des matériaux biosourcés à base de mycélium, la partie souterraine du champignon: « Quand on est en doctorat, on sait beaucoup de sa recherche, rien de l’entreprise. Je n’aurais pas pu lancer Myceliuum Concept sans ma rencontre en cours de thèse avec Toulouse Tech Transfer et sans Nubbo qui m’accompagne dans la création. »
  • Vincent Menny, CEO Authentic Material et ancien responsable technique de TTT : « la connaissance du transfert de technologie m’a permis de détecter un potentiel d’innovation puis de lancer l’entreprise par étapes. Préincubée au sein de TTT, j’ai pu créer l’entreprise au bon moment. » Authentic Material qui valorise les déchets animaux ou végétaux des maisons de luxe et les transforme en matériaux innovants compte parmi ses clients Chanel (également au capital) ou Hermès.
  • Anne-Laure Charbonnier, directrice de Nubbo : « Nubbo est incubateur à mission présent sur les phases de pré-incubation deeptech, d’incubation et d’accélération. Avec une raison d’être qui est d’ « inciter àl’entrepreneuriat responsable. Le PUI renforce la fluidité entre toutes les phases de création d’entreprises innovantes, technologiques ou non. Pour Nubbo, le PUI représente déjà sept projets actuellement en préincubation deeptech avec TTT ainsi que le projet RollingDot sorti qui après avoir été challengé en préincubation deeptech est aujourd’hui en incubation. Le PUI a également permis le lancement d’un parcours Docteur Entrepreneur à la fois pour les startups deeptech et à impact, technologique et non technologique. »
  • Patrick Cazeneuve, président de Toulouse Tech Transfer : « Les témoignages de  Vincent Menny et Nina Gazal montrent combien il est important de construire des relations de confiance avec les doctorants et doctorantes. Pour intensifier la création de startups issues de la recherche publique, il est aussi majeur de s’appuyer sur une méthodologie pour sécuriser le résultat de la recherche, pour garantir la compatibilité entre la protection et des activités de recherche et mettre en place la stratégie de propriété intellectuelle. »

Équipements techniques et des expertises : le rôle des plateformes de recherche – verbatims

  • Nicolas Despiau, dirigeant de l’entreprise gersoise Despiau Chevalets : « Nous menons un projet de recherche collaboratif (il sur l’impact du chevalet sur le son du violon avec la Plateforme Cognition Comportements et Usages de l’Université Toulouse Jean jaurès et spécifiquement sur la plateforlme Petra (recherche sur la perception du son.) Ces recherches permettent de continuer à perfectionner nos savoir faire ancestraux. Innover, c’est perdurer. »
  • Christophe Aubigny, CEO Sélection ENR qui travaille avec la plateforme Primes (Recherche et Innovation en Mécatronique, Énergie et Système)  qui dépend de UTTOP Tarbes – Université de technologie Tarbes Occitanie Pyrénées, nouveau venu dans le paysage universitaire d’Occitanie : « Nous avons lancé les laboratoires LAAS-CNRS et Laplace ? C’est un projet de recherche sur l’optimisation numérique. Il vise à déterminer les incitations financières pour une meilleure utilisation des énergies renouvelables locales dans le cadre d’un « marché local de l’énergie » sur le marché de la moyenne tension, comme les entreprises, les hôpitaux, les écoles, les piscines ou les supermarchés. »
  • Catherine Jeandel, directrice de recherche émérite, plateforme Pangée : « la plateforme regroupe les services d’analyse de l’Observatoire Midi-Pyrénées. C’est un plateau technique au service de la recherche et qui réalise des prestations extérieures grâce à son regroupement d’équipements (Diffraction des Rayons X, spectromètres de masse, et lasers) en géochimie dans les océans, matériaux biologiques, radioactivité.  C’est un dispositif unique en France »
  • Denis Beauvais, directeur du Service Activités Industrielles et Commerciales de l’INSA Toulouse : « Mon rôle au sein du PUI est d’accompagner la structuration et la montée en gamme des plateformes de l’UT Innovation. Parmi les 150 plateformes de recherche actuelles, une trentaine est très structurée avec des équipements de pointe et des personnel de très haut niveau. Les autres ont besoin de ce coup d’accélérateur que va permettre le PUI. »

 4 domaines prioritaires 

La stratégie d’UT Innovation s’appuie sur les filières clés du territoire et vise prioritairement :

  • Aéronautique, Spatial, Défense
  • Mobilité, Energie, Mutations Industrielles,
  • Ressources Vertes et Développement Durable,
  • Med Tech, Thérapeutique, One Health [approche intégrée, systémique et unifiée de la santé publique, animale et environnementale, aux échelles locales, nationales et planétaire]

Valérie Ravinet

Les premières Rencontres du PUI étaient organisées par l’Université de Toulouse. La présentation et les interviews étaient menées par Emmanuelle Durand-Rodriguez (Telmi Studio).